- WINCHESTER (histoire de l’art)
- WINCHESTER (histoire de l’art)WINCHESTER, histoire de l’artLa première cathédrale de Winchester en Angleterre fut élevée au VIIe siècle, puis rebâtie au Xe siècle. L’édifice actuel remonte aux débuts de la conquête normande et fut consacré en 1093. Il en subsiste la crypte voûtée et une partie des bras du transept, où se dénote une forte influence de l’art roman de Normandie: élévation à trois étages, avec tribunes faisant le tour des bras du transept, baies en plein cintre, voûtes d’arêtes, passage intérieur au niveau des fenêtres hautes, division verticale bipartite des façades du transept. En 1107, la tour de la croisée s’effondra et fut aussitôt rebâtie sous son aspect actuel. Dès le début du XIIIe siècle, la cathédrale fut modifiée par l’adjonction de chapelles rectangulaires de style gothique au chevet. Au XIVe siècle, le chœur fut reconstruit sur les murs de la crypte romane, puis, dans la seconde partie du siècle, l’architecte William Wynford rebâtit la nef à deux étages (grandes arcades ouvrant sur les bas-côtés et fenêtres hautes) dans le style gothique perpendiculaire, avec une immense verrière à la façade occidentale sans tours. L’ensemble fut couvert de fausses voûtes en bois à nervures. Le monastère adjacent, fondé par Guillaume le Conquérant, fut fermé au XVIe siècle et les reliques dispersées. La cathédrale a cependant gardé un riche mobilier: les fonts baptismaux du XIIe siècle, en pierre de Tournai, sculptés de scènes de la vie de saint Nicolas, des stalles gothiques, un retable en pierre sculptée du XVe siècle (très restauré au XIXe) et des chapelles funéraires (chantries), élevées entre les piles des grandes arcades et richement ornées, comme celles de William Wykeham (mort en 1404) et de Thomas Langton (mort en 1501).Winchester doit aussi sa renommée dans l’histoire de l’art à sa célèbre école de manuscrits à peintures et d’ivoires.Les invasions danoises qui submergèrent l’Angleterre dès le milieu du IXe siècle entraînèrent la disparition de la plupart des centres culturels de l’île. La renaissance artistique, après 950, correspond à l’extension de la réforme bénédictine et à la floraison de l’art de Winchester. Le terme d’école de Winchester recouvre, en fait, une série de productions, enluminures et ivoires, dont l’origine se situe dans divers monastères et centres ecclésiastiques du sud de l’Angleterre, Winchester étant le plus important d’entre eux. La prépondérance de la ville s’affirme dès 963, sous l’épiscopat de saint Ethelwold: l’influence carolingienne, en particulier messine, est sensible dès la première moitié du Xe siècle, dans le psautier d’Athelstan (Londres, British Museum, Cotton ms. Galba A. XVIII), aussi bien dans le traitement illusionniste des figures que dans le développement exubérant des feuilles d’acanthe de la partie ornementale. La chartre du roi Edgar du New Minster de Winchester (966-975), le pontifical de saint Ethelwold, évêque de Winchester (971-984, Londres, British Museum, Cotton ms. Vespasianus A. VIII et Add. ms. 49598) et le pontifical de l’archevêque Robert (Rouen, bibl. municipale, ms. 369) sont les chefs-d’œuvre de cet atelier. À la fin du Xe siècle, l’arrivée à Canterbury du psautier d’Utrecht, enluminé à Reims vers 840, entraîne une évolution de la manière des enlumineurs anglais: sous l’influence rémoise, le trait se fait plus léger et plus saccadé et le dessin, à la plume et surtout colorié, rehaussé de lavis, supplante la peinture. Vers l’an mille, le psautier de Winchester (Londres, British Museum, Harley ms. 2904), les Évangiles de saint Bertin (Boulogne-sur-Mer, bibl. municipale, ms. 11) et les Évangiles d’Anhalt (New York, Pierpont Morgan Library) témoignent de ce style dont on trouve un écho dans certains manuscrits de Fleury-sur-Loire, abbaye en étroite relation avec Winchester. Au début du XIe siècle, les enluminures du psautier de Robert de Jumièges (fait à Ely? Rouen, bibl. municipale, ms. 274), les Évangiles d’Arenberg (New York, Pierpont Morgan Library), le Liber Vitae de Winchester (vers 1020-1030, Londres, British Museum, Stowe ms. 944) ou le psautier de Winchester (vers 1050, Londres, British Museum, Cotton ms. Tiberius C. VI) montrent un maniérisme de plus en plus exacerbé. Certains reliefs d’ivoire où les personnages sont vêtus des mêmes drapés bouillonnants et déchiquetés ont pu être rapprochés de ces enluminures de Winchester. Les plus significatifs sont le Christ et la Vierge trônant dans une mandorle et le Christ en croix du Victoria and Albert Museum de Londres, un baptême du Christ (coll. part.) et les deux frémissantes figures d’applique de la Vierge et de saint Jean du musée de Saint-Omer. Une série de crosses et de taus se rattachent à ces ivoires, dont il est parfois difficile de décider s’ils ont été exécutés en Angleterre ou sur le continent, sous influence anglaise.Interrompue par la conquête normande, l’activité de l’école renaît au milieu du XIIe siècle, sous le mécénat de l’évêque Henri de Blois, et produit la grande Bible de Winchester , dont les initiales, habitées de personnages au milieu de rinceaux, montrent une grande richesse imaginative.
Encyclopédie Universelle. 2012.